Une démonstration de force! C’est ce que huit centrales syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, FSU, Solidaires et Unsa) et cinq organisations de jeunesse (Unef, MNL, Fidl, UNL et Fage) promettent en ce mardi 17 décembre, partout en France, pour cette nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites: la 13e d’affilée de grève dans les transports publics (notamment en Île-de-France), la 3e en deux semaines à un niveau interprofessionnel (public et privé) et la 1re unitaire, le camp réformiste emmené par la CFDT ayant décidé de se joindre au mouvement porté par la CGT et FO.

Logiquement, il devrait y avoir beaucoup de monde dans les rues ce mardi, à l’appel des syndicats donc mais également de l’ensemble des partis d’opposition. Bien plus, assurément, que les 339.000 personnes recensées le 12 décembre par le ministère de l’Intérieur, pour l’acte 2 de la mobilisation ; mais plus également que les 806.000 comptabilisés une semaine plus tôt, le jour du lancement de la contestation.

L’objectif visé, en tout cas, est clair: dépasser le record de 2010 contre la réforme Woerth qui avait été atteint le 12 octobre, après six journées de mobilisation unitaire, avec pas moins de 1,23 million de personnes dénombrées sur l’ensemble du territoire. Un plus haut qui n’avait pas servi à grand-chose… Il y a neuf ans, 14 journées de mobilisation (dont 3 avec plus d’un million de manifestants comptabilisés en France) avaient en effet été organisées en vain sur neuf mois par les syndicats contre le projet du gouvernement Fillon qui voulait porter de 60 à 62 ans l’âge légal de départ en retraite.

Trafic toujours très perturbé

Malgré l’opposition de la rue, le projet de loi avait certes été amendé mais la réforme avait été validée et le tabou des 60 ans brisé sans que les syndicats n’aient pu véritablement s’y opposer.

Qu’importe! Le trafic ce mardi à la SNCF et la RATP sera une nouvelle fois «très perturbé», ont fait savoir les deux entreprises de transport, avec des prévisions qui ressemblent à celles de ce lundi 16: un TGV sur quatre, un Transilien sur cinq, trois TER sur dix ou un Intercités sur vingt côté SNCF ; huit lignes de métro fermées, les autres ouvertes que le matin et le soir, un bus sur trois en journée ou encore un RER A sur deux aux heures de pointe côté RATP… Quant au secteur aérien, la direction générale de l’aviation civile a demandé aux compagnies de réduire de 20 % leurs programmes de vols au départ et à l’arrivée de l’aéroport d’Orly.

Poker menteur

Même si chaque centrale appelant à cette nouvelle journée d’action ne demande pas la même chose (le camp des radicaux veut un retrait du texte tandis que celui des réformistes ne veut que la suppression de l’âge pivot), toutes entendent – surtout après la démission de Jean-Paul Delevoye – marquer des points pour avancer leurs pions auprès du premier ministre. Et ce pas plus tard que mercredi, à partir de 14 h 30, alors qu’Édouard Philippe doit les recevoir à Matignon (avec aussi les organisations patronales) pour des réunions bilatérales de travail. Et avant une multilatérale explosive jeudi à 16 heures et des entretiens, dans la foulée, avec «les dirigeants des entreprises publiques de transport pour faire le point sur le résultat des discussions engagées à la SNCF et à la RATP», a indiqué l’entourage du premier ministre.

À une semaine de Noël, le spectre de transports bloqués pour les fêtes empêchant des millions de Français de se rendre dans leur famille est réel. «Si le gouvernement retire son projet et qu’on discute sérieusement, tout se passera bien. Sinon, les grévistes décideront de ce qu’ils ont à faire jeudi ou vendredi», a d’ailleurs prévenu Philippe Martinez. En attendant, chacun cherche à renverser l’opinion en sa faveur pour mieux négocier la reddition du camp d’en face. Une partie de poker menteur avec, en carte maîtresse, l’ampleur de la mobilisation de ce mardi…

Source : le Figaro